Pont Saint-Esprit
64100 Bayonne
Installation sur le Pont St Esprit à Bayonne, de 50 drapeaux blanc peints sur toiles de lait.
Production réalisée à l’occasion d’un workshop les 1, 2 et 3 octobre 2024, avec le DN MADE du lycée Cantau à Anglet.
La rivière de lait est un élément de paysage courant dans les contes de Baba-Yaga. Depuis mille ans déjà elle y côtoie un pommier sauvage qui bavarde avec les passants, la nappe toujours servie, le tapis volant, la chapka d’invisibilité, et bien sûr la maison de Baba Yaga, posée sur des pattes de poule, qui peut marcher, courir et tourner les talons… Une vision médiévale de la Smarthouse ! Sur les bords de l’Adour ils rencontrent les personnages de la mythologie basque : Herensuge, le dragon hybride et Sugaar, la déesse serpent, mi-femme, mi-homme…
A partir du symbole universel du drapeau blanc, en lien avec la symbolique du pont, l’artiste pluridisciplinaires Nemo Rhunensky et le groupe de recherche la Voie Lactée (Tatiana Drozd, Olga Kisseleva, Taisiya Polishchuk) ont conduit des ateliers auprès des étudiants du Diplôme national des métiers d’art et de design du lycée Cantau, option textile et espace. Ensemble ils ont revisité le pavoisement du pont St-Esprit avec un matériaux innovant, entièrement biosourcé et biodégradable, produit par les chercheurs à partir des résidus de lait.
En collaboration avec les universités KU Leuven en Belgique, Sorbonne en France, Complutense de Madrid en Espagne et l’l’Institut International Art&Science au Pays Basque, l’équipe de recherche étudie les voies sur lesquelles les citoyens peuvent s’engager dans des initiatives de construction urbaine circulaire afin de contribuer activement à la conception, au recyclage et à la réutilisation des matériaux de construction, améliorant ainsi la durabilité à court et à long terme.
La rivière de lait aux berges de kissel, une terre fictive des contes slaves, a un équivalent français : le Pays de Cocagne, ou flamand : Luilekkerland. C’est un pays où tout est en abondance, avec des rivières de lait et des rivages en kissel (un dessert traditionnel en Europe du nord), où les animaux courent et volent déjà frits, les maisons sont faites de pain d’épice, le fromage se trouve partout à la place des pierres.
Aujourd’hui l’approche futuriste du Pays de Cocagne éclaire ce rêve du Moyen Age. La voie pour y parvenir pourrait être précisément l’économie circulaire, permettant de préserver les ressources, l’environnement et le partage équitable, tout en offrant le meilleur à chacun.
Merci aux élèves et à leurs professeurs pour leur implication dans ce workshop.
Intervenants : Nemo Rhunensky et Olga Kisseleva
Équipe pédagogique du DN MADE : Delphine Amblard, Aurélie Saada, Pascal Gilles
Participants :
1ère année : ALIBERT Nawin, BONACIER Marie, COMITRE Inès, DEVERS Justine, DIDIER Eloïse, GODET Marius, GUARDIOLA–LAVERGNE Louna, HIRIBURU Xana, JEAURAT Maayana-Noah, LOPEZ Julia, MICHELOT Odette, POIRIER Azélice, TEXIER–PEREZ Lucas
2ème année : ABELARD Eulalie, BLANC Charlotte, CLAPIER Mathilde, JORAND Enola, LESPONNE Marie, LOHAU Natacha, MIEGEVILLE Eva
3ème année : ABENZOAR Noëla, BERGONIER Adelaide, BLAMBERT Sway, CAMUS Perrine, CONQUET Alexia, DUBOULOZ-MONNET Agathe, DUCHAS Ellyn, DUHAMEL Léana, FODE Axelle, FORTABAT Elise-Ann, GRIPON Mateo, LORR INOSTROZA Luna, YASSAÏ Kyana
Chez Nemo, l’expression plastique et l’écriture ne font qu’un. « Je peins comme j’écris, avec urgence et instinct. Tout est matière à création. »
Prosopagnosique, elle ne retient pas les visages, mais les énergies. Sa main cherche à comprendre l’autre, à capter son essence jusqu’à l’oubli du reste. Son parcours est une quête artistique effervescente : fascinée par la Bible enfant, elle recopiait les nus du Kamasutra sans en saisir la portée, avant de plonger dans la peinture avec Dali, Picasso, Cocteau ou encore Matisse. « L’art raconte des histoires infinies, alors j’ai voulu en détourner certaines, les réinventer. »
Peinture, sculpture, littérature… son langage est multiple. Sa rencontre avec Baudelaire fut une révélation : « Ses mots m’ont mise à genoux, je ne me suis jamais relevée. » Nourrie d’influences aussi diverses que radicales, elle revendique une liberté totale dans son art et son existence.
En 2017, une séparation marque sa libération : elle ose la couleur, l’érotisme, l’écriture engagée avec La vie est une performance artistique et Jouir devrait être notre seul cri. Puis, en 2020, un retour à la douceur : elle peint frénétiquement des pièces uniques pour la boutique Les Enfants Terribles à Biarritz. « Je voulais que l’art descende dans la rue, que chacun puisse porter une œuvre sur soi. »
Son art est une affirmation, une respiration, un acte de vie. « Ce qui m’effraie, ce n’est pas la mort, c’est de ne pas savoir vivre. »
Artiste et chercheur, Olga Kisseleva enseigne à la Sorbonne, où elle fondé en 2007 le Laboratoire Art & Science. Elle a exposé au Musée d’art moderne (Paris), au KIASMA (Helsinki, Finlande), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia (Madrid, Espagne), Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris), Centre GeorgesPompidou (Paris, France), Musée Guggenheim (Bilbao, Espagne), Art Institute (Chicago, USA), Centre National d’Art Contemporain (Moscou), Musée du Louvre (Paris), ainsi que la Biennale de Dakar (2002), Biennale de Tirana (2003), Biennale de Moscou (2011), Biennale d’Istanbul (2013), Biennale de Berlin (2014), la Biennale de Venise (2015)… Ses œuvres font partie des plus de 25 collectionsdes musées, comme le Centre Pompidou (Paris, France), laFondation Louis Vuitton (Paris, France), le ZKM (Karlsruhe, Allemagne), le Musée d’art moderne de Moscou (Moscou, Russie), le Centre national d’art contemporain (Moscou, Russie), le Centre Getty (Los Angeles, CA), le Musée d’art moderne (MoMA, New York City, NY).
« Olga Kisseleva tient une place à part dans le monde de l’art. Sa relation intense avec la nature et ses innombrables collaborations avec des scientifiques (ingénieurs, agronomes…) du monde entier sont à l’origine d’une démarche tout à fait originale. Le souhait de cette artiste et brillante universitaire est de montrer, de faire comprendre, voire de faire entendre, le dialogue des arbres, la communication permanente qui les anime et dont, le plus souvent, nos contemporains n’ont aucune conscience. Comment reconstituer notre nature en perdition et pourquoi faut-il agir immédiatement sur l’état naturel ? Comment réparer, écouter la nature altérée et prendre des responsabilités pour la sauvegarder et prévenir les disparitions qui découlent de cette altération ? L’utopie peut-elle devenir réelle et prendre davantage d’ampleur pour sauver, ramener à la vie des arbres, les faire communiquer entre eux et mieux les préserver ? Telles sont les interrogations et les finalités de cette artiste atypique et engagée, consciente de la fragilité comme de l’évolution permanente de notre environnement et pour qui à chaque disparition d’un élément du vivant entraîne un bouleversement de l’écosystème. Toute perte met en péril l’équilibre de l’ensemble … »
— Chantal Colleu-Dumond, Directrice du domaine de Chaumont-sur-Loire Olga Kisseleva EDEN, monographie, 2021, ArtsHebdoMedias, Paris
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