Depuis 2021, Points de Vue investit la Communauté d’Agglomération Pays Basque a travers un programme de résidences d’artistes en territoire.
Les artistes programmés à l’occasion du festival à Bayonne sont ainsi invité à découvrir un autre point de vue sur le Pays Basque.
Après Taquen à Saint-Palais, LPVDA à Irouleguy ou encore POZE à Ustaritz, c’est au tour des communes de Uhart-Mixe et Bergouey-Viellenave d’accueillir deux nouveaux artistes.
Je vous raconte ici, la résidence de l’artiste Jan Vormann à Uhart-Mixe, sur le site de la stèle de Gibraltar. Point de détail mais non moins important : cette résidence s’est déroulée à la faveur de la date anniversaire des 25 ans de l’inscription par l’UNESCO, des Chemins de Saint Jacques au patrimoine mondial.
Située sur une portion du GR65 reliant Aroue à Ostabat, la croix de Gibraltar est un lieu symbolique associé au pèlerinage de Compostelle.
On l’appelle « stèle de Gibraltar » mais n’y voyait aucun lien avec avec le célèbre détroit éponyme, puisque son nom vient de Xibaltarre, la traduction basque de Saint Sauveur, le nom de la colline voisine. La construction est récente : le socle, avec ses diverses orientations date d’août 1964 et est surmonté d’une stèle discoïdale qui provient du cimetière tout proche de Larribar. Elle est située à l’intersection des communes d’Uhart-Mixe, Larribar et Saint-Palais, tout en étant sur le territoire d’Uhart Mixe, qui sera le lieu de résidence de noter artiste invité.
La raison de la présence de cette stèle, est qu’elle symbolise la jonction des chemins de Compostelle de 3 des grands itinéraires :
Si des débats subsistent sur l’emplacement précis de la stèle, on sait que 60 000 pèlerins passent chaque année aux abords de la stèle. Un chiffre en total décalage avec le site et sa valorisation, qui va naturellement interpeler l’artiste Jan Vormann.
Avec l’aide de M. Ithurbide, Maire d’Uhart-Mixe et de M. Saint-Macary, président de l’Association des amis du chemin de Saint-Jacques et propriétaire du site, nous commençons à défricher le lieu pour redonner un peu d’allure a ce petit patrimoine.
Pour l’association fondée en 1991 par le Dr Clément Urrutibéhéty, la stèle rappelle « le rôle des pionniers qui ont œuvré au renouveau du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le réemploi d’une stèle funéraire discoïdale authentique illustre le rôle des générations successives qui ont accueilli ces étrangers dans les nombreux prieurés-hôpitaux jalonnant ces routes. Et a ce titre, ce monument ne peut être touché de quelque façon que ce soit et doit être protégé au moins sur un rayon de 8 mètres autour de la stèle ».
Une condition qui devra impérativement être prise en compte dans toutes propositions d’intervention artistique sur ce site.
En revanche, tout aménagement permettant de mieux mettre en valeur ce jalon culturel et historique est bienvenue, comme par exemples, la « création d’un véritable lieu de confluence par un aménagement du site, un dispositif de protection de la stèle contre les animaux, la création d’un lieu attractif, accueillant et reposant par l’installation de bancs », ou encore « la plantation d’un verger », un projet que mène déjà l’association.
Les attendus et contraintes étant posés, j’organise une première visio entre Jan Vormann et mes différents interlocuteurs sur place pour débuter les échanges. Nous sommes au printemps 2023.
Jan Vormann est un artiste polymorphe qui apparait là où on ne l’attend pas. Artiste, chercheur, professeur… Il opère aussi bien dans la rue, dans les musées que dans le monde virtuel. Il s’est notamment fait connaitre pour son projet Dispatchwork qui réunit désormais une large communauté à travers le monde. Mais ce serait très réducteur de circonscrire le travail de Jan Vormann à des interventions en Legos recyclés.
J’ai donc proposé à Jan Vormann de venir en résidence à Uhart-Mixe pendant une quinzaine de jours, le temps d’explorer le site et ses alentours, le temps de développer une pensée critique à l’endroit du Camino francés.
En cette fin d’été 2023, il y a encore des randonneurs qui passent quotidiennement devant la stèle de Gibraltar. Pendant une première semaine, Jan Vormann découvre le Pays de Mixe et ses richesses alentours. En quelques jours, il rencontre les habitants et associations locales, visites des sites plus ou moins connus et resserre assez vite son sujet d’étude. Les témoignages recueillis sur le pèlerinage de Compostelle et ses évolutions récentes, retiennent immanquablement son attention. Si les raisons de cheminer comptent autant de raisons que de pèlerins, nombreuses cette sont aussi
Après plusieurs jours passés à sillonner le pays d’Amikuze, Jan Vormann me fait une proposition inattendue : construire une autoroute abandonnée.
Désarçonné dans un premier temps par cette proposition, le projet artistique apparait ensuite comme une évidence. Dans un monde de plus en plus technologisé, qui favorise l’accélération constante de moyens de communication, de nos déplacements, quels sens peut on encore projeter sur les Chemins de Saint-Jacques ?
Cette autoroute abandonnée symbolise cette contradiction.
Traverser les paysages sur des centaines de kilomètres sans autre moyen que la marche alors q
« Lasai » (fake abandoned Highway) – 2023
Matériaux recyclés
7 x 2,50 m
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