16 rue Poissonnerie
64100 Bayonne

Avec Kaskarotak, Alberto Ruce signe une fresque intimiste et symbolique, hommage à une tradition basque en pleine transformation. Inspirée par la « kaskarot martxa » d’Ustaritz — cortège carnavalesque encore peu connu hors du territoire — l’œuvre célèbre une culture vivante, mouvante, toujours en lien avec son époque.

À l’origine, les kaskarots étaient des jeunes hommes qui parcouraient les villages à la recherche d’une épouse, mêlant rite de passage, quête et festivité. Cette pratique, progressivement réinterprétée, est aujourd’hui portée par le groupe Izartxo taldea, qui perpétue la tradition tout en l’ouvrant à de nouvelles formes d’expression. Désormais, les kaskarots annoncent l’arrivée du printemps et assurent la transmission d’un patrimoine festif au travers de la danse, de la musique et d’une quête populaire.

Ce qui a particulièrement marqué cette édition, c’est l’intégration, pour la première fois, de jeunes filles dans le cortège — non pas dans une logique revendicative, mais portée par leur simple désir de participer. Un signe fort d’évolution et d’ouverture, que l’artiste a choisi de mettre en lumière.

Kaskarotak devient alors le reflet d’un patrimoine en mouvement, fidèle à ses racines mais ouvert à l’avenir.

Né en Sicile en 1988, Alberto Ruce est un peintre muraliste dont l’univers pictural oscille entre onirisme, mémoire et effacement. Autodidacte à ses débuts dans le graffiti, il s’est progressivement tourné vers une approche plus picturale, nourrie par sa formation à l’Atelier des Beaux-Arts de Paris. Depuis Marseille, où il vit aujourd’hui, il développe une œuvre qui se déploie aussi bien en atelier que dans l’espace public.

Chez Ruce, rien n’est frontal : ses personnages semblent émerger de la matière, comme des souvenirs en suspension. Il travaille les transparences, les superpositions, le ton sur ton — dans une esthétique subtile où la peinture ne recouvre pas, mais révèle. “Le fait que mes portraits soient voilés oblige le public à participer au processus de compréhension de l’œuvre”, explique-t-il.

Son approche contextuelle accorde une grande importance au support : murs anciens, pierres, cartons ou toiles deviennent autant de partenaires dans la composition. Dans la rue, il s’efforce de faire dialoguer ses figures avec l’histoire des lieux.

Chaque fresque devient un geste délicat, à la fois ancré et éphémère — une manière d’habiter le monde avec retenue et poésie.